La Stricte Observance dite Templière

(8 novembre 2018)

Le conférencier présente la structure de cet ordre qui sera, en partie, celle du RER : une première étape maçonnique en 4 grades, une deuxième étape chevaleresque en 2 états, novice puis chevalier et une 3e étape ou 7e grade qui est une profession. La première étape maçonnique est la pépinière de l’Ordre dont la véritable nature templière n’est révélée que dans la 2e étape, aux novices, la finalité de l’Ordre étant la restauration matérielle de l’Ordre du Temple médiéval.

Il nous raconte ensuite l’histoire de cet ordre fondé par Carl Von Hundt, un hobereau allemand, histoire jalonnée d’aventuriers de tout poil qui se réfèrent aux Supérieurs inconnus : Johnson et le pasteur Rosa ; le Cléricat de Starck ; Zinnendorf.

En 1772, après avoir surmonté tous ces aléas, l’autorité de Von Hundt est amoindrie et il est remplacé par le duc de Brunswick comme Grand Maître. Menacé d’être confondu quant à sa légitimité il meurt opportunément en 1776. La Stricte Observance ne lui survivra guère.

Un échange de vue suit cet intéressant exposé.

L’histoire de la Stricte Observance est très documentée. Si cette riche documentation a suscité la rédaction de l’ouvrage fondamental de René Leforestier, La Franc-maçonnerie templière et occultiste, Paris, 1970, elle a aussi permis de mettre en valeur l’extraordinaire richesse et complexité de cette époque qui voit la naissance et la structuration de la Franc-maçonnerie. Se côtoient illuminés, charlatans mais aussi des gens sincères qui, à partir des 3 grades maçonniques apparus en 1730, construisent dans un bouillonnement incessant des échelles de grades plus tarabiscotées les unes que les autres mais qui finiront, au terme de ce volcanisme exubérant, par donner des systèmes cohérents.

On voit l’émergence du thème templier dans la Franc-maçonnerie. Puissant, sulfureux, sujet à toutes les dérives et escroqueries le templarisme, épuré, sublimé, transfiguré, n’en donnera pas moins vie au Régime Ecossais Rectifié qui se réfère à un archétype de la chevalerie spirituelle.

Cette histoire illustre donc à merveille les mystères et miracles stupéfiants de la Franc-maçonnerie du XVIIIe siècle.

Tout cela s’inscrit bien sûr dans le contexte plus général de l’histoire des idées. La Stricte Observance apparaît à un moment où des érudits commencent à étudier et à réhabiliter le Moyen-âge, jusqu’alors méprisé et qualifié de « gothique ». Ils favorisent un intérêt pour les thèmes médiévaux et chevaleresques. Les traités de chevalerie fleurissent. On écrit même des histoires d’ordres totalement imaginaires. Et de cette attirance pour une chevalerie où la dimension spirituelle, de préférence détachée de toute institution, est mise en avant naîtront des ordres chevaleresques bien réels.

C’est le cas de la Stricte Observance qui revendique une filiation chevaleresque tout en développant la notion d’église intérieure ou cachée, c’est-à-dire libre de tout rattachement ecclésial. Le Cléricat de Starck est significatif à cet égard.

Tout ceci est révélateur d’un problème intellectuel qui saisit toute l’Europe de cette époque et la Franc-maçonnerie est en résonnance avec toutes ces questions.

Conseils de lecture :

  • Pierre Girard-Augry, Rituels secrets de la Franc-maçonnerie templière et chevaleresque (Dervy)
  • Pierre Mollier, La Chevalerie maçonnique, collection Renaissance Traditionnelle (Dervy)